Attentats de Paris : le jour d’après vu par les élèves et professeurs du collège du Mont d’Or

Ils ont tous un air grave lorsqu’on aborde le sujet ; pourtant les jeunes collégiens de la classe de 6^ème B ont juste 12 ans. Mais cela suffit pour comprendre que l’indicible s’est produit. Tous veulent pourtant parler, tous veulent raconter, tous veulent exprimer ce qu’ils ont ressenti, ce qu’ils ont compris, et la signification des dessins qu’ils ont fait. Et l’équipe pédagogique du collège du Mont d’Or l’a bien compris. A différents endroits de l’établissement, CDI, vie scolaire, couloirs, ils ont veillé à leur laisser des espaces de libre expression, beaucoup de dessins spontanément accrochés, beaucoup de drapeaux français, de « liberté, égalité, fraternité » , beaucoup de messages de soutien aux victimes et à leurs familles Mais aussi une question récurrente « pourquoi ? ».

Et c’est sans doute à cette question qu’il a été le plus difficile de répondre pour les professeurs. Au lendemain des attentats, déjà les enseignants ont échangé par mail entre eux, pour se préparer, et puis il y a eu les directives officielles de la ministre de l’Education Najat Vallaud Belkacem et rapidement un mail du principal Bernard Sola pour organiser en concertation ce lundi d’après.  Lundi dernier, « la cérémonie d’hommage et la minute de silence ont été très émouvantes, témoigne Elodie Keller, professeure-documentaliste  sans aucun problème contrairement aux attentats de Charlie Hebdo », souligne-t-elle. Une solidarité entre tous face à la barbarie. Un vivre-ensemble qui s’est cristallisée avec la décision de faire planter un olivier dans la cours à deux élèves-délégués au Conseil d’Administration Un acte de vie et de paix.

Je vous propose d’écouter Elodie Keller qui a eut à cœur de mettre à disposition des élèves des ressources pédagogiques pour comprendre, puis Philippe Vaudour, professeur d’histoire-géographie raconte comment il a du expliquer en s’adaptant à l'âge des élèves et à leurs connaissances en géopolitique. Enfin des élèves de 6^ème B s’expriment, tous aurait aimé parlé, l’un d’entre eux a d’ailleurs abordé de son propre chef les enfants de Palestine dont on ne parle pas...

Parmi eux il y a Maïssa, qui a eu peur le dimanche soir suivant l’attentat, peur de retourner au collège parce qu’elle est de religion musulmane. Peur d’être assimilée à ceux qui ont fait ça. Alors Maïssa, j’espère que tu ne m’en voudras pas, j’espère que tes camarades de 6eB ne m’en voudrons pas non plus car ils ont tous été formidables, mais c’est à toi que je dédis ce reportage, pour te dire de ne pas avoir peur, de ne pas t’inquiéter que moi, eux, nous, tes camarades, tes professeurs, nous les adultes, nous veillerons à lutter contre les amalgames et à ne pas mélanger ces barbares et les français de religion musulmane comme toi qui n’ont rien, mais alors rien en commun avec eux. Sois tranquille Maïssa, de grandir en paix, d’étudier, d’être heureuse, continue d’être amie avec Yolaine, Sofia ou Elhadji qui sont peut-être catholique ou peut-être athées, mais on s’en fout parce qu’en France il y a ce beau principe de laïcité qui permet à chacun de vivre sa religion en paix, et surtout de nous mélanger et d’échanger les uns avec les autres.

Camille Garcia