"La chaleur des gens c'est la lumière du Laos", rencontre avec des photographes passionnés

Ils sont trois passionnés de photographie et trois membres de l'association Les clichés de l'aventure à Manosque; ils reviennent d'un voyage d'une quinzaine de jours dans un tout petit pays de l'Asie du Sud Est, le Laos. Là-bas ils se sont imprégnés de l'ambiance, la chaleur et l'accueil des laotiens, leur quotidien, leurs métiers, leur culture ou leurs cultes pour ensuite les retranscrire dans les clichés pris sur place.

Un voyage extraordinaire pour un stage de terrain. Aller voir de ses propres yeux, aller toucher, sentir, rencontrer pour pouvoir rendre compte et transmettre ; la définition même de la photo reportage. C'est d'ailleurs ce que propose l'association Les clichés de l'aventure avec ces stages de photo-reportage à l'étranger. Créée il y a plus d'une vingtaine d'années par Jean-François Mutzig photographe-reporter bien connu dans la région et Jean-Luc Icard, directeur de Haute Provence Info, l'association ne cesse de se renouveler et de proposer à tous les amoureux de la photos des possibilité d'évoluer. Elle est aussi impliquée dans des actions avec les scolaires.

Mais revenons au Laos. Comment photographie-t-on des femmes et des hommes dont on ne parle pas la langue, qu'on ne connait pas, dans leurs gestes quotidiens ou l'intimité d'une prière ou d'une famille? En apprenant à regarder ce qu'il passe, à ne pas se jeter hors du mini-bus de peur de rater le cliché "du siècle", en apprenant la patience, soeur du respect, en observant pour finalement tenter une approche la plus humaine et chaleureuse possible. Quitte à attendre, 5, 10, 30 minutes ou plus, qu'un lien, qu'une confiance, qu'un respect s'installe. Et  pouvoir à ce moment-là ne plus utiliser son zoom mais faire une photo au plus près.

La Laos comme toute l'Asie, confirment nos 3 photographes, se prêtent particulièrement bien à la photo et le peuple de ce continent est "dans son ensemble assez ouvert à se laisser photographier à condition de ne pas les traiter en sauvage", souligne Frédéric Massé. Le respect toujours. Une évidence. Comme la beauté des couleurs et des paysages. "La chaleur des gens c'est la lumière du Laos", souligne d'ailleurs avec poésie ce dernier.  

Pour Stéphane Lehaut,c'était une première. Assurément réussie. Puisqu'il a même réussi à vaincre sa timidité. Avec une photo qu'il affectionne particulièrement, celle de la couturière (ci-dessus). Pour Pierre il y avait déjà eu le Cambodge. Et une leçon apprise de Jean-François Mutzig qu'il applique désormais. La patience, encore elle, qui lui a permis de pouvoir photographier un moine en pleine prière (photo ci-dessous). Avec Frédéric ils repartent d'ailleurs bientôt en Birmanie, puis au Kérala dans le sud de l'Inde en avril et enfin le Népal. Quand la photo amène au voyage et au partage... Car c'est aussi de cela qu'il s'agit, le partage de savoirs, de techniques mais aussi d'amitié et de souvenirs avec des levers à 6h du matin et des veillées tardives, des sacs à dos chargés de matériel et des rencontres à foison.

Une envie aussi au retour, celle de faire partager des bouts de ce voyage avec les clichés rapportés. Un aboutissement pour les stagiaires comme Pierre Poupounot et Stéphane Lehaut qui exposent leurs Regards croisés sur le Laos jusqu'au 14 novembre à Manosque. Un aboutissement qualifié d'important par Frédéric Massé, le vidéaste de la bande, animateur et formateur au sein de l'association, pour comprendre de A à Z la photo-reportage. Et transmettre à travers elle son regard, son ressenti. Comme le dit un proverbe laotien : "Quand on a entendu, il faut voir, et quand on a vu il faut juger avec son coeur". Les photos-portraits ne sont-elles pas d'ailleurs le reflet d'un sentiment provoqué par un être humain, reçu et capté par un autre être humain ?

Camille Garcia