Maryam Madjidi : Comment peut-on être Persane ?

Elle est née à Téhéran en 1980, en même temps que la République Islamique d’Iran mais la famille de Maryam Madjidi, communiste n’est pas du côté des Mollah. Sa mère enceinte échappe de justesse à la répression de la police du Shah d’Iran qui vit ses derniers moments de monarque. Son père est en exil à Paris et elle a 6 ans lorsqu’elle le rejoint après une prime enfance écrasée par l’obscurantisme. Elle deviendra une lettrée reconnue mais perpétuellement aspirée par son pays natal, sa langue et sa culture millénaire. 
La vie à Téhéran était impossible pour cette famille de gauche cultivée et aisée. Les livres de Marx, Lénine ou Engel comme sa poupée seront enterrés pour ne pas livrer d’éléments à preuve au pouvoir qui interdit ces lectures aux adultes comme les jouets aux enfants. La fillette devra se séparer de ses fétiches pour apprendre le détachement matériel et l’abolition de la propriété lui dit sa mère. Elle jurera de revenir plus tard déterrer sa poupée. La petite fille devenue femme retournera en Iran en effet ; trois voyages aux conséquences plutôt contradictoires. « Ton éducation a fait de toi une femme libre, tu ne peux plus vivre ici » lui dit-on. 
« Marx et la poupée » est un magnifique livre pour la liberté. C’est aussi un plaidoyer pour la culture iranienne et ses immenses poètes et la langue française. Comment peut-on être Persane ? Tout autant que comment peut-on être Française ? 
Aujourd’hui, Maryam enseigne le français à des réfugiés pour leur donner des armes d’intégration et de partage. Elle écrit aussi et son livre a déjà été couronnée du Goncourt du 1° Roman et du Prix Ouest-France Etonnants Voyageurs. Deux distinctions méritées. Signalons également que son manuscrit a été analysé et discuté par des lecteurs l’année dernière aux Correspondances de Manosque lors du Labo de l’édition. Je vous propose d’écouter Maryam Madjidi parler de son livre et de ses deux cultures.