Poignardées, emprisonnées, éventrées, brûlées, étranglées, suicidées… En quatre siècles d’opéras masculins, le sort réservé aux héroïnes est aussi tragique que leurs airs sont sublimes. Qu’elles se nomment Carmen, Solveigh, Norma ou Dalila, qu’elles soient fantasmées en « madones », en « putains » ou en « sorcières », les héroïnes de Bizet, Verdi, Rossini, Mozart, Tchaïkovski et tant d’autres tombent toujours sous le joug d’une fatalité morbide associée à l’amour d’un homme. Le Quatuor Zaïde et le contre-ténor Théophile Alexandre décident d’interroger cet héritage musical et d’inverser les rôles : aux femmes la direction musicale, à l’homme les agonies lyriques. Dans une mise en scène élégante où les artistes se jouent des attributs stéréotypés de la féminité, sont décorsetées pas moins de vingt-trois icônes opératiques connues pour leurs airs admirables. Ces célèbres pages de la musique classique initialement écrites pour des orchestres entiers ont été réarrangées pour un quintette à cordes et voix sans perdre de leur flamboyance.